Le sang et la science

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C’est un numéro vraiment remarquable des Études du Crif, numéro rond et symbolique de 50. On pensait tout savoir, tout avoir lu, sur la Shoah et voilà que grâce à Johann Chapoutot, professeur d’histoire contemporaine à la Sorbonne, spécialiste du nazisme, on découvre avec stupeur, le mécanisme mental dévoyé et pseudo-scientifique qui a conduit à …

C’est un numéro vraiment remarquable des Études du Crif, numéro rond et symbolique de 50. On pensait tout savoir, tout avoir lu, sur la Shoah et voilà que grâce à Johann Chapoutot, professeur d’histoire contemporaine à la Sorbonne, spécialiste du nazisme, on découvre avec stupeur, le mécanisme mental dévoyé et pseudo-scientifique qui a conduit à la catastrophe, à la Shoah.

À la base, une idée émise dans le sillage de la débâcle de la Grande Guerre,  qui peut paraître simple mais qui s’avérera meurtrière : le corps du peuple allemand, si durement amputé, devra être reconstitué par la science et la technique biomédicale, « de la même manière que la chirurgie esthétique se développe à l’époque pour réparer les traumas des gueules cassées ». Une « philosophie » prend corps peu à peu qui considère que la « race blanche » est infiniment supérieure aux autres et, notamment qu’un « cerveau juif ne peut accéder à la compréhension du réel déployée par les grands génies de la race nordique » ou qu’une « sensibilité nègre ne peut apprécier la musique parfaitement ordonnée et mathématisée d’un Jean-Sébastien Bach ». Dès lors, les tenants de cette vision des choses n’hésitent pas à annexer les grands esprits à leur entreprise : Bach, donc, mais aussi De Vinci, Platon ou encore Raphaël. Car, pour eux, « toute civilisation est l’œuvre du génie germanique ».

Dès 1931, Himmler crée un Office central de la race et de la colonisation et, en 1935, naît le « Deutsches Ahnenerbe » qui sera dirigé par le Dr Hermann Wirth. Installé au début à Berlin, l’organisme se développe rapidement pour générer 45 instituts disséminés sur le « Grand Reich ». En 1937, c’est un universitaire reconnu qui est nommé à la tête de l’Ahnenerbe, le Pr Dr Walther Wüst. L’Ahnenerbe connaît un grand succès d’autant plus que les donateurs sont nombreux. Parmi eux, des firmes connues comme Mercedes-Benz  ou BMW.

Des expéditions lointaines sont mises sur pied, au Tibet, en Bolivie ou encore en Islande : on mesure des  crânes, on moule des têtes, toujours avec le même objectif : prouver « scientifiquement » la supériorité des Germains. Parallèlement, le Reich a des visées territoriales  sur des ensembles considérés comme faisant partie de l’aire germanique : Crimée, Pologne, Ukraine… Dans cet esprit, les « savants » allemands n’hésitent pas à piller, à détruire, à falsifier.

Après la Guerre et la défaite allemande, contrairement à toute attente, nombre de responsables et collaborateurs de l’Ahnenerbe poursuivront, comme si de rien n’était, leur carrière. Seul, le directeur exécutif, Wolfram Sievers eut à répondre de ses responsabilités dans des expérimentations médicales. Il fut condamné à mort et pendu.

Une étude magistrale qu’il faut absolument découvrir.

Jean-Pierre Allali

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