Les nouveaux défis de la République française : sur quelques enjeux du discours du Président Emmanuel Macron lors de la commémoration de la Rafle du Vél d'Hiv (2017) - Une étude de Georges-Élia Sarfati. Encore un numéro très réussi des Études du Crif, la revue de qualité que dirige avec brio Marc Knobel. Et, cette …
Les nouveaux défis de la République française : sur quelques enjeux du discours du Président Emmanuel Macron lors de la commémoration de la Rafle du Vél d’Hiv (2017) – Une étude de Georges-Élia Sarfati. Encore un numéro très réussi des Études du Crif, la revue de qualité que dirige avec brio Marc Knobel. Et, cette fois, dans un registre très différent de ceux auxquels on est accoutumés : l’analyse du discours.
C’est un fait incontestable : tous ceux qui étaient présents, ce 17 juillet 2017, lors de la commémoration annuelle de la rafle du Vél d’Hiv, ont été subjugués, bouleversés, par la teneur, l’intensité et la profondeur du président Macron.
Linguiste, traducteur, psychanalyste, essayiste et poète, Georges-Elia Sarfati se propose de décortiquer avec pertinence les propos du président de la République à l’occasion de cette réunion mémorielle.
Et s’il est vrai que la commémoration de la tragédie du Vél d’Hiv fait désormais partie intégrante du calendrier républicain et s’enracine dans une ligne politique qui remonte au général de Gaulle et à François Mitterrand, s’il est vrai aussi, que c’est Jacques Chirac, lors du 53e anniversaire, en 1995, qui a accompli le grand saut, en incriminant explicitement le régime de Vichy, un argument maintenu par Dominique de Villepin en 2005, Nicolas Sarkozy et François Fillon en 2007 et repris par François Hollande pour le 70e anniversaire, en 2012, Emmanuel Macron est allé beaucoup plus loin que ses prédécesseurs, abordant des questions jusqu’ici laissées dans l’ombre et atteignant les limites de ce qu’il était possible de dire.
Georges-Elia Sarfati précise bien qu’il s’agit, en l’occurrence, d’un « travail d’anamnèse dont la fonction n’est pas seulement psychologique, mais également historique ». C’est pourquoi, dit-il, le propos du président, « positivement transgressif », constitue une véritable leçon d’histoire.
Le remarquable discours du président Macron est repris, paragraphe après paragraphe et finement analysé. On voit bien se développer une réflexion approfondie sur les atermoiements et les discontinuités de la mémoire collective, sur les raisons d’un « long silence national ». D’entrée de jeu, Emmanuel Macron annonce la couleur : seule prime la recherche de la vérité. Dès lors, la parole présidentielle est une parole thérapeutique de clarification. Car dire la vérité, c’est enfin apurer les comptes. C’est opérer une catharsis nécessaire et utile.
Et pour aller dans ce sens, Emmanuel Macron n’hésite pas à resituer l’ampleur du crime immense commis par l’Etat français en déroulant en public des détails chiffrés qui font froid dans le dos, mais qu’il fallait rappeler : « Alors, oui, je le redis ici, c’est bien la France qui organisa la rafle puis la déportation et, donc, pour presque tous, la mort de 13152 personnes de confession juive arrachés les 16 et 17 juillet 1942 à leur domicile dont plus de 8 000 furent menées au Vél d’Hiv avant d’être déportées à Auschwitz. Parmi elles, 4115 enfants de 2 à 16 ans, dont aujourd’hui nous honorons particulièrement la mémoire et pour lesquels je souhaiterais que nous fassions silence ».
Les noms des responsables sont explicitement donnés : Pierre Laval, Louis Darquier de Pellepoix, René Bousquet. Et le président de souligner : « Pas un seul Allemand n’y prêta la main ».
Emmanuel Macron développe, au cours de son brillant exposé, quatre propositions que Georges-Elia Sarfati analyse : 1/ Vichy ne fut pas une parenthèse 2/ Le régime de Vichy fut un système impliquant toutes les sphères de l’Etat 3/ Le régime de Vichy a une histoire 4/ L’histoire de Vichy possède une genèse idéologique.
De nos jours, l’antisémitisme a muté. Un nouvel antisémitisme se dessine sous couvert d’antisionisme et gangrène certaines banlieues. « Alors oui, nous ne cèderons rien aux messages de haine, nous ne cèderons rien à l’antisionisme qui est la forme réinventée de l’antisémitisme ».
L’action exemplaire de Serge Klrsfeld et de Simone Veil tout comme celle de Samuel Pisar, Elie Wiesel, Jean-Raphaël Hirsch ou encore Henri Malberg, Léon Delarbre, Boris Taslitzky, Etty Hillesum et Germaine Tillon est soulignée.
« La République se tient debout parce qu’elle sait protéger tous se enfants, la République se tient debout parce qu’elle sait regarder tout son passé, la République se tient debout parce qu’elle ne renonce et ne renoncera à rien de ce qu’elle est et de toutes ces valeurs ».
Un discours remarquable. Une analyse pertinente et très bien menée.
Jean-Pierre Allali
*Georges-Elia Sarfati est un linguiste, traducteur, psychanalyste existentiel, essayiste, poète. Professeur des universités (Linguistique française). Co-fondateur du Réseau de Recherche et d’étude des discours institutionnels et politiques (R2Dip). Directeur de l’Ecole française d’analyse et de thérapie existentielles (Logothérapie) V. Frankl (Efrate). Professeur d’études bibliques et de pensée juive à l’Institut Elie Wiesel (Paris), ainsi qu’à l’Université numérique européenne des études juives (Uneej).
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