La Belgique et ses Juifs : de l’antijudaïsme comme code culturel, à l’antisionisme comme religion civique

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Dans ce 4e numéro des Études du Crif, Joël Kotek, Professeur à l’Université Libre de Bruxelles, pousse un cri d’alarme sur la question de l’antisémitisme en Belgique. La Belgique, cette bonne terre de Jacques Brel et du plat pays, des brumes et des marées basses, est aujourd’hui en proie à une vague hostile sans précédent. …

Dans ce 4e numéro des Études du Crif, Joël Kotek, Professeur à l’Université Libre de Bruxelles, pousse un cri d’alarme sur la question de l’antisémitisme en Belgique. La Belgique, cette bonne terre de Jacques Brel et du plat pays, des brumes et des marées basses, est aujourd’hui en proie à une vague hostile sans précédent. Sous couvert d’antisionisme, les vannes se sont grandes ouvertes et touchent tous les secteurs de la nation. Cette étude a été mise en ligne grâce à la participation de la Fondation Pour la mémoire de la Shoah. Joël Kotek livre alors son commentaire et nous parle de la Belgique et de ses Juifs. Il égrène ses arguments et affûte ses armes. Le cas belge est d’autant plus intéressant qu’il pourrait augurer, dit-il, la nouvelle place des Juifs dans l’Europe du troisième millénaire : une place marginale, sinon une condition de paria.

La quatrième livraison des Études du Crif – dirigées par Marc Knobel- est dans le droit fil des précédentes : rigueur, objectivité, contrôle des sources, volonté d’informer et d’alerter les opinions publiques sur les dérives inquiétantes que connaît notre société, notamment dans le domaine de l’antisémitisme.

Professeur à l’Université Libre de Bruxelles, Joël Kotek est un spécialiste incontesté de la question. Et si, après mûre réflexion et des enquêtes de terrain très poussées, il pousse un cri d’alarme, ne devons-nous pas l’écouter et réagir comme il se doit ? La Belgique, cette bonne terre de Jacques Brel et du plat pays, des brumes et des marées basses, est aujourd’hui en proie à une vague hostile sans précédent. Sous couvert d’antisionisme, les vannes se sont grandes ouvertes et touchent tous les secteurs de la nation.

Dans un pays qui n’a toujours pas réglé ses comptes avec son passé et qui n’a jamais abordé -contrairement à la France- la question des responsabilités spécifiques des autorités communales dans la politique de déportation des Juifs ; dans un pays qui a jeté un voile épais sur un passé colonial mal assumé ; dans un pays enfin, où, en quelques années, la population d’origine arabo-maghrébine s’est accrue de manière exponentielle ; l’antisémitisme, notamment de plume, bat son plein. L’antisionisme est même devenu une véritable religion civique. La démonisation outrancière d’Ariel Sharon en particulier -et des Israéliens en général- se fait au détour d’un langage qu’on croyait disparu. C’est le retour aux antisémythes : meurtres rituels, culte du sang, assassinats d’enfants, avarice, usure et profits, négationnisme, banalisation de la Shoah.

On découvre par exemple et avec stupeur que tous les vendredis, de 12h30 à 13h30, un « rassemblement pour la Palestine » est organisé devant l’ambassade d’Israël. De 16h à 18h, les militants pro palestiniens se retrouvent Place de la Bourse. À Liège, Place du Perron, ils se donnent rendez-vous tous les vendredis de 18h à 19h et, les mercredis, de 12h30 à 13h30, c’est le « rassemblement des femmes en noir » de Liège pour fustiger Israël. Tout cela d’une manière systématique et répétitive. On assiste même à de véritables « Passions », comme le 7 février 2004 à Bruxelles où des comédiens en treillis militaires supposés représenter des soldats de Tsahal, frappent de leurs fouets des comédiens enfants revêtus du traditionnel keffieh sous l’oeil des badauds terrorisés et sans aucune intervention de la police, étonnamment absente.

L’antisémitisme chrétien traditionnel et celui de la droite extrême ont trouvé un relais puissant et pernicieux qui agit sous couvert d’antisionisme. La Belgique n’est pas devenue pour autant un pays antisémite et les réactions, rares il est vrai, mais encourageantes, de quelques personnalités, comme les frères Jean-Pierre et Luc Dardenne, courageux et talentueux cinéastes, mettent du baume au cœur de ceux qui attendent une attitude plus équilibrée. Mais il convient d’être vigilant. Malheureusement, la judéophobie en Belgique a encore de beaux jours devant elle.

Jean-Pierre Allali

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