Devant plus de 250 personnes, s’est tenue dimanche 20 juillet 2025 à Bordeaux, la cérémonie de la Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux Justes de France. Cette cérémonie s’est déroulée au Fort du Hâ à Bordeaux, sous une fine pluie qui ajoutait à la solennité du moment.
Comme chaque année, cette cérémonie a réuni de nombreuses personnalités : des représentants politiques, la ministre déléguée au tourisme, également élue de Bordeaux, le préfet de la région Nouvelle-Aquitaine, des sénateurs, quatre députés (Renaissance – 1ère circonscription, Parti socialiste – 6e circonscription, LFI – 12e circonscription et RN – 11e circonscription), la première adjointe à la ville de Bordeaux et vice-présidente de la Métropole, représentant le maire de Bordeaux, le procureur de la République, ainsi que des autorités civiles, militaires et religieuses.
Étaient également présents les présidents et représentant d’associations, ainsi que de nombreux citoyens venus commémorer les victimes des persécutions raciales sous le régime de Vichy, et honorer les Justes parmi les Nations – ces femmes et ces hommes qui, par leur désobéissance aux autorités, ont protégé et sauvé les persécutés.
Le protocole, respecté avec rigueur, a vu les gendarmes et les porte-drapeaux, arborant les couleurs d’associations d’anciens combattants et de victimes de guerre, incarner l’image d’une France solidaire et fidèle à sa mémoire.
Le président du Crif Bordeaux-Aquitaine, Albert Massiah, a ouvert la cérémonie par un discours fort et engagé. Il a été suivi de l’intervention de Nathalie Delattre, ministre déléguée au tourisme et également élue de la ville de Bordeaux, qui a lu le message du ministre des Armées.
Moment particulièrement émouvant : la voix du rabbin de Bordeaux, Moïse Taieb, s’est élevée pour chanter un psaume pour les défunts. Cette année, la cérémonie s’est déroulée dans un climat pesant, reflet des tensions palpables à Bordeaux depuis plusieurs semaines. Le maire de Bordeaux était absent, représenté par sa première adjointe.
Un lieu de mémoire chargé d’histoire
Le Fort du Hâ, où se tient chaque année la cérémonie, est un édifice chargé d’histoire. Construit sur ordonnance royale après la bataille de Castillon, le 17 juillet 1453 – qui mit fin à la guerre de Cent Ans – il symbolise aujourd’hui une autre facette, plus sombre, de la mémoire bordelaise : celle de la trahison de la République par le régime de Vichy.
Entre 1942 et 1944, des résistants, des Juifs, des Tsiganes, des homosexuels y furent emprisonnés, interrogés, parfois torturés. Les archives ont conservé la trace froide de ces procédures. Sur cette même période, 1690 Juifs furent arrêtés, dont 223 enfants. Au total,1587 personnes furent déportées à bord de onze convois entre le 18 juillet 1942 et le 5 juin 1944.
Le 10 janvier 1944, de grandes rafles furent organisées : 135 personnes furent arrêtées à Bordeaux, 473 dans tout le département. Toutes furent enfermées une nuit entière dans la Grande Synagogue de la ville, transformée en lieu de détention avant leur déportation vers Drancy, puis Auschwitz. Peu ont survécu. Boris Cyrulnik, alors âgé de six ans, a pu échapper à la rafle, caché sous une blouse d’infirmière. Les témoins disparaissent, mais la mémoire perdure – celle des crimes et des silences, mais aussi celle du courage des Justes.
Un message fort pour aujourd’hui
Dans un discours très applaudi – fait rare à Bordeaux pour ce type de cérémonie – Albert Massiah a rendu hommage aux victimes et aux Justes, rappelant que les leçons du passé sont plus que jamais d’actualité.
« L’Histoire ne bascule jamais d’un seul coup. Elle glisse, lentement, au fil de petits renoncements, de silences, de lâchetés ordinaires. C’est pourquoi chaque mot compte. Chaque choix. Chaque position. Aujourd’hui, l’antisémitisme se dissimule sous d’autres masques. Il se pare de slogans politiques, se nourrit d’un antisionisme obsessionnel, et utilise le conflit au Moyen-Orient pour légitimer des haines en France. Ce n’est pas un climat. C’est une dérive. Et parfois, des décisions locales renforcent cette dérive. »
Et de citer Jacques Ellul, philosophe bordelais : « L’intolérance est toujours l’expression de l’incertitude ».
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