À l’initiative du Crif Bordeaux-Aquitaine et des Entretiens de Bordeaux, Cercle Primo Levi, Tal Bruttmann a tenu mercredi 15 novembre à l’Espace Beaulieu à Bordeaux, une conférence exceptionnelle autour du livre grand format « Un album d’ Auschwitz » paru au Seuil.
Ce livre, qu’il a consigné avec des confrères allemands, Stefan Hordler et Christophe Kreutzmuller, est l’histoire d’un album de 197 photos en noir et blanc, prises par deux SS zélés à l’intérieur du camp Auschwitz-Birkenau.
Ces images mondialement connues (manuels scolaires, livres, scènes de films, expositions) ont contribué à faire d’Auschwitz le point central de la mémoire de la Shoah.
Elles disent l’extermination accélérée des Juifs de Hongrie, alors même que les nazis se savaient en repli. Elles disent le regard des bourreaux. Elles disent histoire de Lilly Jacob, jeune fille de 17 ans rescapée, qui a volé l’album pour y avoir trouvé le visage des siens au moment de sa libération dans le camp de Mittelbau-Dora.
Cet album, réalisé en vue de documenter la déportation des Juifs de Hongrie au printemps 1944 a servi de document d’archives aux procès après guerre, et, après des pérégrinations, sa copie a été confié au musée juif de Prague.
La conférence de Tal Bruttmann qui s’inscrivait dans le cadre de la quinzaine de l’Égalité et de la Diversité, organisée par la ville de Bordeaux, s’est adressée à un large auditoire.
Plus de 80 personnes dont près d’un tiers de lycéens avec leurs enseignants, ont questionné le conférencier sur l’intérêt de ces photos de qualité médiocre qui montrent peu de violence apparente.
Tout l’intérêt et le brio de l’intervention de Tal Bruttman a été de décrypter la perversité et la violence des images comme par exemple celles de femmes qui regardent l’objectif, avec les crématoires qui fument dans leur dos, ignorantes de leur mort toute proche, ou encore celles de vieillards immobiles devant un wagon quand on sait la monstruosité des convois.
Identifier les wagons par leur matricule, la forme et la langue de l’écriture signant leur provenance a aussi permis de confondre la collaboration active des gendarmes.
De la même façon ces photos renseignent sur la sélection qui s’opérait sur la rampe d’arrivée au camp, sur les fumées permanentes qui brouillaient le paysage et sur la hauteur des wagons de la voie de chemin de fer empruntés par les polonais, ceci ne permettant aucun doute sur la connaissance de l’existence des crématoires et de l’extermination des Juifs.
Dans une époque où l’image nourrit et déforme l’information cet exercice était nécessaire et passionnant.
Mireille Levy
*Principaux ouvrages : Tal Bruttmann est un historien spécialiste de l’histoire de la Shoah. Il a notamment publié La logique des bourreaux (2003, Hachette) Au bureau des affaires juives (2005, La Découverte), Auschwitz (2015, La Découverte). Il a également contribué à plusieurs ouvrages dont Les 100 mots de la Shoah (2016, PUF), Qu’est-ce qu’un déporté ?… (2009, CNRS Éditions), et il a participé à de nombreuses expositions avec le Mémorial de la Shoah. et a publié Histoire et mémoires des déportations durant la Seconde Guerre mondiale (2009, CNRS Éditions) avec Annette Wieviorka et Laurent Joly.
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