Alors que Salah Hamouri était reçu à l’Assemblée nationale le 24 janvier dernier sur invitation des députés du groupe GDR-Nupes, il était également invité le 1er février pour une conférence intitulée « Trente ans après les Accords d’Oslo, regards sur la Palestine », à l’initiative de la Mairie de Lyon. Le Crif s’est tout de suite indigné de cette invitation, de ce qu’elle représente et de la réponse de la Métropole.
Invité de cette table ronde, Salah Hamouri est un avocat franco-palestinien, accusé de la tentative d’assassinat d’Ovadia Yossef, ancien Grand Rabbin d’Israël. Il appartient également au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), reconnu comme organisation terroriste par l’Union européenne.
Le Crif Auvergne Rhône Alpes a fait part de son indignation à la Mairie dès qu’il a pris connaissance de cette conférence. Le Maire de la Métropole s’est engagé, le 15 janvier au soir, a annulé cette conférence. Le lendemain, la Mairie de Lyon a finalement indiqué qu’elle allait revoir sa table ronde et convier une autre personnalité « afin d’y adjoindre des contradicteurs représentants d’Israël », comme le rappelle le communiqué du Crif ARA.
Dès le lendemain matin, le Maire de la Métropole a indiqué publiquement qu’il allait « convier un expert ou représentant choisi par la communauté juive ». Il est ici essentiel de rappeler que la communauté juive française ne représente pas les enjeux territoriaux et géopolitiques israéliens.
Dans son communiqué de presse, le Crif ARA appelait également à signer sa pétition et à manifester devant l’Hôtel de ville en opposition à la conférence du 1er février en présence de Salah Hamouri. Des membres de l’opposition ont également demandé l’annulation de cette conférence.
Vendredi 27 janvier, le Grand Rabbin de Lyon a, quant à lui, annoncé se retirer du groupe interconfessionnel créé par la Mairie de Lyon, en signe de protestation contre l’invitation de Salah Hamouri par la municipalité. Il a indiqué : « Je ne peux donner ma caution morale à des personnes qui, au lieu de promouvoir la paix dans la cité, vont bien au contraire attiser les tensions communautaires ».
Dimanche 29 janvier, lors de la commémoration de la libération du camp d’Auschwitz, alors même qu’il était représenté par son adjointe, Florence Delaunay, déléguée à la Mémoire, le Maire de la Métropole de Lyon s’est fait huer. Sous l’impulsion de Claude Bloch, dernier rescapé du camp d’Auschwitz vivant à Lyon, la foule a tourné le dos à l’adjointe qui prononçait son discours. Elle n’a finalement pas pu finir son discours, huée par la foule, en signe de protestation contre la réception mercredi de Salah Hamouri, comme l’a rappelé le Président du Crif dans son tweet.
Ce lundi matin, la nouvelle préfète de la Région Auvergne Rhône-Alpes a mis en demeure le Maire de Lyon d’annuler sa table-ronde avec Salah Hamouri.
Claude Bloch est le dernier rescapé d'Auschwitz vivant à Lyon.
Ce matin, à la cérémonie de commémoration de la Shoah, il a tourné le dos à la représentante du maire @Gregorydoucet lors de son discours pour protester contre la réception mercredi de Salah Hamouri
Saluons son geste! pic.twitter.com/tePgPz1FtG— Yonathan Arfi (@Yonathan_Arfi) January 29, 2023
Le Président du Crif Auvergne Rhône-Alpes avec tout le soutien du Crif a maintenu son combat.
Le Mairie de la Métropole de Lyon a finalement indiqué, ce lundi, annuler la conférence. Il a indiqué lors de son point presse : « Je le fais dans mon rôle de maire qui doit assurer la paix civile et la concorde dans la ville ». Ajoutant qu’il regrettait de ne pouvoir « garantir sereinement la liberté d’expression » dans un contexte marqué par une flambée des violences en Israël.
Le Crif rappelle son indignation. Les Accords d’Oslo étaient des accords de paix, incluant les deux partis, les palestiniens, mais également les israéliens. Cette conférence ne reflétait donc en rien la configuration des Accords eux-mêmes, alors même qu’elle avait vocation à en célébrer l’anniversaire… Outre l’absence de représentant israélien à cette conférence, il est essentiel de rappeler que Salah Hamouri ne représente en rien « un regard palestinien » ; il est le regard d’un homme condamné pour terrorisme, membre d’une association considérée comme terroriste par l’Union européenne.
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