Crif Auvergne Rhône-Alpes : Projection du documentaire « Le dernier témoignage »

Ce film a été réalisé par Luke Holland, documentariste Anglais. Découvrant très tardivement ses origines juives volontairement occultées par sa mère, il partit pendant plus de dix ans à la rencontre de la dernière génération d’Allemands plus ou moins impliqués durant le IIIe Reich. 

Derrière ces visages ridés et parcheminés d’octos et nonagénaires se cachent d’anciens Waffen SS affectés pour certains, pendant la guerre, dans des camps de concentration, des militantes des Jeunesses hitlériennes, des soldats de la Wehrmacht ou de simples civils, spectateurs  silencieux, bref tous acteurs et témoins plus ou moins directs de la Shoah. Chacun livre dans des entretiens inédits ses souvenirs, ses perceptions et ses appréciations personnelles quant à  son rôle joué dans le plus grand crime de masse de l’Histoire. Ce film met en exergue leur adhésion pour certains à la folie criminelle hitlérienne, et pour d’autres leur passivité, parfois  par crainte de représailles en cas de résistance au régime et son idéologie. 

Du déni à la culpabilité, toute la subtile palette de réactions est exprimée sur fond de documents d’archives filmés ou photographiés. Le documentaire nous fait entrer dans l’univers mental de ces individus, leur structuration idéologique, psychologique et pose la question fondamentale de « ce que l’homme fait à l’homme » selon Myriam Revault d’Allonnes. 

Pour le Consul d’Allemagne, ce film promu par l’État allemand auprès des établissements scolaires et le Goethe Institut, est pour ses concitoyens nécessaire bien que manquant de clarté quant à son approche historique.

Annette Wieviorka relève également ce biais, faisant le constat d’une confusion tout au long du  documentaire entre « camp de concentration » et « centre de mise à mort » selon l’expression  de Raul Hilberg. Sa critique souligne également la difficulté de l’utilisation du témoignage sans que le contexte sociétal de l’époque, notamment celui de la terreur et de la « mise au pas » de la population, ne soient parallèlement évoqués.

Max Maldacker fait remarquer que l’histoire de la Shoah est aujourd’hui centrale dans la mémoire collective de son pays. Des villes comme Berlin sont "parsemées de cette histoire" avec les premiers "Stolpersteine" ("Les pavés de la mémoire"), ainsi qu’avec divers musées mémoriaux.

Les deux intervenants ont remis en perspective le contenu du documentaire avec notre époque et notamment les diffusions d’idéologies… Dans le contexte de la guerre en Ukraine, ils alertent l’assistance sur les risques que sont l’aveuglement parfois volontaire de la réalité, et le manque de solidarité internationale. 

Après des échanges fructueux avec les participants venus très nombreux, cette soirée sous le haut patronage de M.Pröpstl, actuel Consul général d'Allemagne à Lyon, s’est terminée autour d’un verre de l’amitié.

Crif Auvergne Rhône-Alpes