Hommage à Jacqueline Keller, figure historique du Crif qui s’est éteinte

Jacqueline portait en elle une histoire profondément marquée par les épreuves du XXᵉ siècle. Enfant pendant la Shoah, elle avait connu la fragilité de la condition juive en France. Cette expérience, qu’elle évoquait avec pudeur, a façonné sa conscience civique et nourri sa vigilance. Elle expliquait en partie son engagement constant pour la protection, la dignité et la représentation des Juifs de France.

Elle avait un sens aigu du service et de la responsabilité. Pour Jacqueline, l’engagement communautaire ne pouvait être séparé de l’engagement citoyen. Défendre les Juifs de France, c’était défendre la République, ses valeurs et la promesse qu’elle fait à chacun de ses citoyens. Après son engagement pour les Juifs d’URSS puis à la tête de la Coopération féminine, elle prend la direction du Crif à la suite de Pierrot Kaufmann.

À la tête du Crif, Jacqueline Keller a profondément modernisé l’institution. Elle l’a structurée, professionnalisée et ouverte, renforçant son efficacité et sa visibilité auprès des pouvoirs publics comme de la société civile.
Sous la présidence de Me Théo Klein, elle organisa le premier Dîner du Crif, devenu depuis un rendez-vous incontournable du dialogue républicain. Elle développa également le lien avec les collectivités, clarifia l’articulation entre les échelons national et régional, et posa les bases d’une communication plus cohérente et plus rigoureuse. Elle a ainsi préparé le Crif aux défis du XXIᵉ siècle.

Ceux qui ont travaillé avec elle se souviennent d’une femme exigeante mais bienveillante, attentive et déterminée. Elle savait valoriser les compétences, encourager
les initiatives, accompagner les jeunes collaborateurs, et inspirer le respect par sa stabilité et son calme.

Le Crif d’aujourd’hui lui doit beaucoup : sa solidité institutionnelle, son ouverture, son ancrage républicain, et la qualité du dialogue qu’il entretient avec les élus et les acteurs publics. Son action n’a pas seulement accompagné l’institution : elle l’a façonnée.

Au nom du Crif, de ses dirigeants, de ses équipes et de l’ensemble des institutions juives de France, je salue avec respect et gratitude la mémoire de Jacqueline Keller.
Nous présentons nos condoléances les plus sincères à sa famille et à ses proches.

Son engagement demeurera un repère.
Son exigence restera une inspiration.
Et son héritage continuera de vivre dans l’action quotidienne du Crif.

Par Robert Ejnes, Directeur exécutif du Crif

Découvrez le magnifique portrait de Jacqueline Keller par Jérémie Haddad sur Akadem.