Jeudi 30 janvier 2025, le Crif, la FMS et la Claims Conference, en partenariat avec l’AMIF et avec la participation de l’OSE, ont organisé un colloque inédit sur le thème : « La santé des survivants de la Shoah et des enfants de survivants – 80 ans après la fin de la guerre ». Lors de cet événement, qui s’est tenu à l’Académie de Médecine à Paris, interventions et tables rondes se sont succédé pour aborder des sujets aussi variés que la transmission intergénérationnelle du traumatisme de la Shoah, la situation des enfants de survivants, l’état de santé des rescapés et les spécificités de leur prise en charge, ainsi que l’aide qui leur est apportée. Dans cet article, nous revenons sur la deuxième table-ronde : « Enfants de survivants : force ou faiblesse ? ».
Crédit photo : ©Alain Azria
De nombreux survivants de la Shoah ont transmis non seulement leur souffrance, mais aussi leur force et leurs ressources psychologiques à leurs descendants. Plusieurs enfants de survivants, comme Anne Sinclair, Agnès Buzyn, Noémie Lvovsky et Michel Cymes, ont témoigné de cette transmission et de son impact sur leur engagement personnel et professionnel. À travers leur parcours, ils ont montré comment la mémoire familiale a nourri leur résilience et leur combat contre l'antisémitisme. Cette table-ronde a ainsi mis en lumière l'importance de la transmission de la mémoire de la Shoah pour préserver l'identité juive et lutter contre la résurgence de la haine.
Si beaucoup de survivants de la Shoah ont transmis leur souffrance, nombreux ont été ceux qui ont transmis également leur force et les ressources psychologiques qu’ils ont. De nombreux enfants de survivants de la Shoah ont su transformer la douleur en engagement, en créativité et en réussite professionnelle. Le colloque a donné la parole à plusieurs personnalités qui ont témoigné de cette dynamique : Anne Sinclair, journaliste, Agnès Buzyn, ancienne ministre, Noémie Lvovsky, réalisatrice et scénariste, et le Docteur Michel Cymes, tous enfants de survivants de la Shoah ont relaté cette transmission.
Anne Sinclair : Identité et engagement journalistique
Journaliste de renom, Anne Sinclair a raconté comment la mémoire familiale a influencé sa vie. Petite-fille d’un galeriste qui avait fui aux États-Unis pour échapper aux nazis et fille d’un résistant de la France libre, elle a grandi avec la conscience du danger que représentait l’antisémitisme. Ce passé familial a nourri son engagement pour la mémoire de la Shoah et la lutte contre l’antisémitisme.
Agnès Buzyn : Une mémoire silencieuse et pesante
Fille d’un survivant du Ghetto de Lodz et du camp d’Auschwitz, Agnès Buzyn a décrit une enfance marquée par le silence de son père et les expressions indirectes de ce traumatisme (cauchemars, aversion pour certaines images et bruits). Elle a souligné comment cette transmission s’était manifestée sous forme de résilience, mais aussi d’un perfectionnisme exacerbé et d’une hypersensibilité à l’injustice. Elle a exprimé une prise de conscience récente sur le rôle ambigu des Alliés pendant la guerre et sur la résurgence actuelle de l’antisémitisme.
Noémie Lvovsky : Une enfance hantée par l’absence
Noémie Lvovsky a grandi sans grands-parents, oncles, tantes ni souvenirs matériels de sa famille disparue dans les camps. Elle a évoqué ses cauchemars récurrents la projetant à Auschwitz et sa quête identitaire pour reconstituer son histoire familiale. L’humour et la fiction ont été pour elle des moyens de survie et de transmission de cette mémoire.
Michel Cymes : Mémoire et engagement
Médecin et animateur, Michel Cymes a découvert tardivement l’histoire de ses grand-pères, morts à Auschwitz. Il a choisi de consacrer une partie de sa carrière à la transmission de cette mémoire, notamment à travers son livre Hippocrate aux enfers (Éd. Stock, 2015), qui explore les expériences médicales nazies. Il a rappelé sa fierté lorsqu’il a été sacré au Top 5 des Français les plus appréciés ce qui était une revanche par rapport au destin tragique de ses grand parents qui avaient été les victimes de la haine antijuive dans la France sous Occupation nazi. Il a également partagé son inquiétude face à la résurgence de l’antisémitisme en France.
Cette table ronde a mis en lumière l’impact durable du traumatisme de la Shoah sur les générations suivantes, tout en montrant comment la résilience et l’engagement ont pu transformer cette souffrance en une force constructive. La mémoire de la Shoah ne doit pas seulement être préservée, mais activement transmise afin de combattre l’antisémitisme et de préserver l’identité juive face aux menaces contemporaines.
Docteur Bruno Halioua
Vous pouvez voir ou revoir cette table-ronde en intégralité :
Vous pouvez également revoir l’intégralité du colloque :
Partie 1
Partie 2
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