La Commission Études Politiques du Crif a reçu Nathalie Heinich, sociologue

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À l’occasion de la parution de son nouvel ouvrage, Le wokisme serait-il un totalitarisme ?, Nathalie Heinich était l’invitée de la Commission Études politiques du Crif le jeudi 1er juin 2023.

La Commission Études politiques du Crif, présidée par Nathalie Cohen-Beizermann, a eu l’honneur de recevoir la sociologue Nathalie Heinich pour évoquer les questions de wokisme et d’antisémitisme à la lumière de ses récents travaux. Cette conférence intervenait dans le cadre d’un cycle annuel, « Français juifs à l’épreuve de la montée des extrêmes ».

Nathalie Heinich a ainsi débuté son propos en rappelant la définition du wokisme, un « courant de pensée et d’action insistant sur la défense des minorités discriminées ». Si cette définition laisse supposer que la lutte contre l’antisémitisme y occupe une place aux côtés des autres combats menés, celle-ci constitue en réalité un « angle mort du wokisme ».

Non seulement absent des studies, – ces études thématiques menées au sein du milieu académique, le judaïsme paraît en effet incarner une source de crispation chez certains, qui tendent à situer les Juifs du côté des populations dominantes et non de celui des victimes discriminées.

De plus, le wokisme entretient un rapport confus vis-à-vis de l’antisionisme, du fait des liens resserrés qui existent entre ce courant et une certaine partie de la gauche radicale, celle que Pierre-André Taguieff qualifie d’ « islamo-gauchiste ».

Mais alors, quelles sont les causes pouvant expliquer cette exclusion de l’antisémitisme hors des causes défendues par le wokisme ? Nathalie Heinich en identifie deux.

La première serait liée à une conception divergente de la société. Alors que les Français juifs prônent leur attachement à l’universalisme républicain, qui place les individus sur un même plan et selon des caractéristiques qui leur sont communes, à savoir, leur condition d’être humain et leur statut de citoyen français, membres d’une même collectivité nationale, le wokisme milite quant à lui pour une conception multiculturaliste de la société, dans laquelle l’appartenance à une communauté est le facteur central et déterminant. Ces deux visions opposées apparaissent ainsi comme difficile à concilier.

La deuxième raison repose sur les évolutions récentes de la gauche radicale ayant abouti à cet « islamo-gauchisme » qui rend difficile l’expression de désaccords sur les questions relatives à l’islam, et dont l’antisionisme flirte parfois avec l’antisémitisme. 

En résumé, les Juifs représentent donc aux yeux du wokisme une communauté inclassable, exclue des autres communautés considérées comme discriminées. Ce paradoxe n’est cependant pas isolé. Dans son ouvrage, Nathalie Heinich s’emploie en effet à démontrer les contradictions de ce mouvement woke, qui prend selon elle l’apparence d’un totalitarisme. À travers l’analyse de trois dimensions – l’identitarisme, l’idéologisme et la censure, celle-ci s’est donc attachée à décrire ce qu’elle considère comme une mentalité totalitaire, un « totalitarisme d’atmosphère », pour reprendre l’expression de Gilles Kepel à propos du « djihadisme d’atmosphère ».

Retrouvez le replay de la Commission Études politiques ici : 

À lire :

  • Nathalie Heinich, Le Wokisme serait-il un totalitarisme ?, Albin Michel, 2023 
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