Arlette Testyler*, rescapée de la rafle du Vel d’Hiv, répond à Stéphanie Dassa, membre du comité directeur de l’AJCF et directrice de projets au Crif.
Arlette Testyler où et quand êtes-vous née ? Pouvez-vous nous décrire le cadre familial dans lequel dans lequel vous avez grandi avant que n’adviennent les événements, notamment ceux de de 1942 ?
Je suis née à Paris, dans le 12ᵉ à l’hôpital Rothschild. Comme beaucoup d’enfants juifs. Je suis née le 30 mars 1933, il n’y a que des trois dans mon anniversaire ! J’ai été élevée dans une famille aimante et pas seulement aimante, en famille, mais aimante de la France. Mon père s’est engagé volontaire à la déclaration de la guerre, j’ai d’ailleurs une photo de lui en soldat. Pour lui, la France représentait tout à ses yeux, c’était d’abord la France.
Où sont nés vos parents, Arlette ?
En Pologne. Ils venaient tous les deux de familles de 9 et de 10 enfants. Ils ont tous été massacrés dans les fosses communes… Je vous invite d’ailleurs à lire les travaux du Père Desbois sur « La Shoah par balle », j’ai retrouvé dans ce livre le nom du village de mes grands-parents où tout le monde a été massacré.
Vos parents ont émigré en France. Est ce qu’ils étaient seuls ou est ce qu’ils étaient accompagnés de leurs propres parents ?
Non, pas du tout. Mon père est venu tout seul. Il avait le choix entre les États-Unis où il avait déjà un frère, mais pour lui, c’était la France, le pays des droits de l’homme, il n’avait que ça à la bouche. Donc il a choisi la France, il est venu en France à l’âge de 18 ou 19 ans. Il était fiancé d’amour avec ma mère depuis l’âge de dix ans et il l’a fait venir en lui envoyant des papiers qu’il a falsifiés, il a vieilli un peu, ma mère de trois ans pour qu’elle puisse venir et ils se sont mariés à Paris.
L’année 1942 est une année charnière, une année où l’accélération des persécutions contre les juifs va être très forte, mais pour vous, il semble que déjà les choses commencent à être très graves en 1941, quand votre papa est arrêté. Pouvez-vous nous parler du mois de mai 1941 ?
Oui, en 1941, mon père a été arrêté. Il faut bien préciser que ce n’était pas une rafle, c’est l’arrestation du « Billet vert ». Il a reçu ce billet vert sur convocation avec ordre de se présenter au commissariat de la rue Beaubourg pour vérification d’identité. Ma mère ne voulait pas qu’il y aille et lui il a dit : « Je ne risque rien. Mes enfants sont français. J’ai fait mon service militaire dans la France de Voltaire, de Diderot, de Zola ». Moi évidemment, je ne connaissais pas ces gens-là mais mon père faisait déjà référence à ça, à son attachement à la France.
On ne l’a plus laissé partir du commissariat. Et il y était bien fichu ce petit billet…. Il y avait écrit « présentez-vous avec un adulte » alors on y est allés avec ma mère et ma sœur. Ils ont pris les papiers de mon père et dit à maman d’aller lui chercher des vêtements. C’était un piège !
Il a été ensuite immédiatement interné à Pithiviers.
*A partir du 9 juillet, découvrez le portrait et l'histoire d'Arlette Testyler sur les grilles du Jardin du Luxembourg, en visitant l'exposition Lest We Forget – N'oublions pas.
Pour lire la suite de l'entretien, cliquez ici ou téléchargez le document ci-dessous.
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