Ce jeudi 13 décembre, nous apprenons avec tristesse la disparition de Noah Klieger, éminent journaliste israélien et correspondant pour l’Equipe. Déporté en 1943 à Auschwitz, Noah Klieger s’est battu pour la vie, au sens le plus littéral où l’on peut l’entendre. Il réussit en effet à survivre en disputant des matchs de boxe, alors même qu’il est un pure novice, un officier de la Schutzstaffel ayant demandé, pour se divertir, que l’on organise des matchs. Un combat pour la vie, des coups de poings dans l’horreur.
Entretien mené par Stéphanie Dassa en 2016
Noah Klieger fait partie de ces hommes sur qui l'on se retourne après avoir croisé la route. Klieger est inoubliable. Rencontré la première fois dans son bureau de journaliste au Yedihot Aharonot à Tel Aviv en 2012, j’ai gardé de lui le souvenir impérissable d’un homme d’une force implacable tant le regard sur le monde s’est aiguisé jeune. Lors de notre entretien en 2016, il m'a aussi fait rire aux éclats car, mieux que quiconque, Noah Klieger sait moquer la vanité du monde.
Ses manches relevées révèlent un bras tatoué, marque indélébile de sa déportation à Auschwitz, à 16 ans et demi…
Stéphanie Dassa : « Bien-sûr, je savais jouer des poings, mais je ne savais pas boxer » dites- vous. Parlons de votre audace, de votre tempérament. Diriez-vous que vous êtes courageux ou téméraire ?
Les deux. Mais surtout, je parlerais du "flair"…
Young Perez, Alfred Naccache étaient de grands sportifs avant guerre. Aujourd’hui leur destin fascine les réalisateurs. Que pensez-vous de cet engouement pour ce qu’on appelle en hébreu la Gvoura, la bravoure et qui en Israël est célébrée en même temps que Yom Hashoah?
Ils étaient tous deux Français et de grands sportifs, ce qui explique sans doute cet engouement.
Noah Klieger vous êtes journaliste, vous avez vécu l’épopée d’Israël depuis que vous êtes monté sur l’Exodus. Vous avez vu Israël évoluer, s’inscrire au rang des Nations. Vous avez vu aussi le conflit s’enkyster. Comment analysez-vous cette évolution de l’Etat Hébreu, entre performance et points faibles ?
L'Etat d’Israël est en fait un miracle réalisé par ses habitants.
D'un désert ou il n'y avait quasiment rien – ni où habiter, pas de travail ni même assez de nourriture. En 68 ans seulement (unique dans l'histoire du monde), Israël est devenu un des pays les plus avancés, développés et modernes au monde. Quant aux "points faibles", si nous avions d'autres "voisins", nous aurions très peu de points faibles.
Que reste t-il en vous de cet enfant de l’Europe que vous étiez ? Comment considérez-vous d’un œil distant et aguerri l’évolution politique du vieux continent ?
Pour moi le vieux continent est en train de se suicider et dans quelques dizaines d’années il ne sera plus le même. Mon devoir est de témoigner de ce qui s'est passé au XXe siècle en Europe pour que cela ne recommence pas.
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Le Crif vous propose :
- L'hommage de l'Equipe à Noah Klieger : Noah Klieger est mort jeudi à l'âge de 92 ans
Noah Klieger s'est éteint jeudi à l'âge de 92 ans. Journaliste au quotidien israélien Yediot Aharonot, il était également le plus ancien correspondant de L'Equipe (depuis 1953). Klieger avait survécu à l'Holocauste. En 1943, il avait été déporté au camp d'extermination d'Auschwitz. Noah Klieger avait eu la vie sauve, ayant intégré le groupe de déportés qui pratiquaient des combats de boxe à l'intérieur du camp (le commandant du camp, passionné de boxe, avait décidé d'organiser des combats entre détenus).
Après sa libération, il avait émigré en Israël dès l'indépendance du pays en 1948 et commencé sa carrière de journaliste. Spécialiste de basket, il avait couvert 29 éditions du Championnat d'Europe. Il fut ensuite président du Maccabi Tel-Aviv et avait été élu au Hall of Fame de la FIBA.
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