La situation palestinienne et moyen-orientale
Pendant son mandat en tant qu’Ambassadeur d’Israël en France entre les années 2000 et 2002, Elie Barnavi a connu une situation difficile. Actuellement, Elie Barnavi, pense que les israéliens sont à un carrefour et à un moment de l’histoire de leur Etat. « Nous sommes engagés dans un processus de paix depuis environ 17-18 ans. Or ce processus de paix est mort ou plutôt moribond ». « Il ne peut aboutir, car les deux parties engagées dans le processus de paix sont faibles. En effet, le paradoxe de la vie politique israélienne est l’absence de réelle et forte majorité électorale politique. Il y a actuellement un consensus autour de la question de la création d’un Etat palestinien. Même Benyamin Netanyahou veut un Etat palestinien. L’idée du partage territorial est présente depuis 70 ans ».
Elie Barnavi s’interroge également sur le fait de savoir s’il existe une alternative au partage des territoires : « La guerre des 6 jours a permis de « débloquer » la situation et d’avancer vers la paix, mais elle a abouti à un « blocage » en raison de la mise en place des implantations ». Selon Elie Barnavi, ce blocage équivaudrait à la « fin » de l’Etat juif. Aussi, pense-t-il qu’il n’y a pas de réelle alternative au partage territorial.
Le système politique en Israël
Elie Barnavi considère que le « main stream » de la politique israélienne va du Likoud au Meretz, constituant ainsi le bloc « sioniste ». Eli Barnavi remarque qu’en Israël que la gauche est inaudible et que le clivage « droite – droite – gauche » n’a pas de sens. Le système politique en Israël est tel que Benyamin Netanyahou ne peut faire ce qu’il doit faire -c’est-à-dire, selon lui : partager la terre- faute de majorité suffisamment importante. En effet il faut un gouvernement très fort avec une majorité très claire, ce qui n’est pas le cas en Israël actuellement. Pour Elie Barnavi, le « de Gaulle » Israélien, c’était Ben Gourion. Aujourd’hui, en Israël, le système électoral ne fabrique que de l’instabilité. Les deux grands partis ne peuvent avoir la majorité.
Elie Barnavi, a précisé que le sens du mot « institution » (en hébreu « mossadot ») n’a pas la même connotation qu’en français. Il considère que les grands partis sont « morts » et que le système politique israélien actuel est incapable de produire une majorité forte. La faiblesse du système institutionnel israélien tient plus à son régime électoral en vigueur à la Knesset, en l’occurrence le régime de la proportionnelle, qu’à ses leaders politiques. Dans ce contexte, même si ce n’était pas Netanyahou, un autre dirigeant politique ne pourrait pas non plus obtenir une majorité forte et claire. En outre, Monsieur Barnavi a souligné que les défauts du système israélien sont multipliés par 10, voire par 100, chez les palestiniens. En effet, chez eux rien ne fonctionne. De plus, Mahmoud Abbas, dit « Abou Mazen », a une capacité d’action limitée.
La nécessité d une paix imposée
Selon Elie Barnavi, la seule solution possible est une paix imposée. Il en résulte que les américains doivent prendre les choses en main. Les israéliens, y compris Benjamin Netanyahu, ne veulent pas perdre leur allié : les américains. Pour Elie Barnavi, la diplomatie fait du « sur place », mais la situation sur le terrain évolue. Donc il faut un « moteur » extérieur pour la paix, et Elie Barnavi ne voit pas d’autre choix que la voie de la diplomatie par la négociation avec les américains. Selon lui, la particularité de Barak Obama est de s’être occupé du Proche-Orient dès le début de son mandat, contrairement à Clinton et à Bush.
En ce qui concerne la menace nucléaire iranienne, Monsieur Barnavi considère que la question des territoires palestiniens et celle de l’Iran sont liées. Selon lui il est donc nécessaire de régler la question des territoires palestiniens pour régler celle de l’Iran. Dans ces conditions (pour Elie Barnavi) si on estime que ce schéma est correct et que l’heure est grave, il faut aider Israël à sortir de cette situation.
Enfin, Elie Barnavi a souligné que la voix juive, en particulier celle de la diaspora, est importante. Il dit ne voir aucune raison « à ce que le CRIF ne fasse pas connaître son sentiment sur ce sujet. »
Photo : D.R.