Le 22 juillet à la préfecture d’Evry, Joseph Giarmon, président de l’association des communautés juives de l’Essonne (ACJE) a expliqué devant l’ensemble des corps constitués du département que « si la mémoire nous rassemble périodiquement, c’est que l’histoire hante nos consciences ». Le président de l’ACJE a par ailleurs appelé à « la vigilance devant la montée des intolérances », à « dénoncer le terrorisme et les atteintes à la paix civile », à rappeler aux enfants « le danger des fanatismes, de l’exclusion, de la lâcheté et de la démission devant les extrémismes ». Enfin, il a appelé « les responsables publics à faire preuve d’une détermination sans faille pour lutter contre ces dérives intolérables pour traiter ces actes avec la plus grande sévérité et la plus grande exemplarité » et « à placer l’éducation civique et le respect mutuel au cœur des missions de l’école républicaine ».
Le 22 juillet à Vigneux, la cérémonie a réuni de nombreuses autorités civiles et militaires dont le Préfet de l’Essonne, le Maire de la ville et les députés de la circonscription. Michel Serfaty a souligné que « 2007 restera l’année de la négation de la Shoah par un état membre de l’ONU, l’Iran par la voix de son président Ahmadinejjad, après que l’on eut connu durant six décennies un négationnisme d’individu. ». Il a également regretté « les très rares commémorations dans l’Essonne hormis quelques rares communes »
Le 16 juillet, date anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv, s’était d’ores et déjà tenue une cérémonie à Longjumeau. Le même jour à Ris-orangis, Joseph Zerbib membre du bureau de Déportation Persécution et Mémoire (DPM), a pris la parole notamment devant le maire de la ville. Joseph Zerbib a rappelé que cette commémoration devait nous faire penser à la « mémoire vivante de ceux qui ont été interdits de vie ».
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Allocution du Rabbin Michel Serfaty à Vigneux
Une fois de plus la France s’est distinguée cette année par des initiatives particulières dans le domaine de la Mémoire. Dans la continuation de sa décision de 1996 de reconnaître la responsabilité de la France dans la déportation des juifs durant les années sombres de 1942 à 1945, l’ancien Président de la République, Monsieur Jacques Chirac, avant de finir son mandat présidentiel a rendu un hommage national aux Justes des nations.
Auprès de la communauté juive il a suscité un sentiment de respect sincère. Et nous tenons aujourd’hui à lui témoigner notre reconnaissance et lui rendre un hommage public.
La mémoire de la Shoah reste un sujet qui soulève de façon périodique des réprobations ou des contestations. 2007 restera l’année de la négation de la Shoah par un état membre de l’ONU, l’Iran par la voix de son président Ahmadinejad, après que l’on eut connu durant six décennies un négationnisme d’individu. Cette perversion de l’esprit et de la morale est montée d’un cran, celui du négationnisme d’état tout comme durant la dernière guerre mondiale, l’Allemagne et la majeure partie des pays européens avaient pratiqué un antisémitisme d’état. Ne doit-on pas regretter l’absence de réaction de l’Occident qui s’est abstenu de condamnation vigoureuse de l’Iran choisissant les déclarations lénifiantes et ambiguës.
Malheureusement une telle démission rappelant l’esprit de Munich n’est que le reflet d’une diplomatie hypocrite sacrifiant la vérité au profit d’intérêts économiques moralement contestables. L’occident refuse de dénoncer unanimement le génocide arménien, refuse de rechercher les véritables responsables du génocide Rwandais et continue de fermer les yeux sur ce qui se passe au Darfour par l’assassinat de populations civiles innocentes organisé par le Soudan et dont le Président a été accueilli en France à la Conférence Internationale de la Francophonie à Cannes.
En France le travail de Mémoire continue de se faire tantôt par des voyages sur les lieux de Mémoire français ou polonais, tantôt par des initiatives locales de nature très variées. Ainsi, il continue de s’appuyer sur des documentaires, des témoignages et des publications.
Malgré les dérapages verbaux de quelques jeunes de Montreuil, évènement que l’on n’a pas prévenir, les visites sur les lieux de Mémoire polonais restent un excellent moyen pédagogique pour enseigner la Shoah à nos jeunes générations.
L’enseignement de la mémoire c’est également la décision des établissements scolaires de Paris et de l’Ile de France, en particulier les écoles primaires, de rendre hommage aux enfants juifs qui durant la guerre, du jour au lendemain ne revinrent plus en classe, laissant des bancs vides à jamais. Des plaques commémoratives présentent les noms de ces enfants aujourd’hui grâce au travail acharné des différents militants de la mémoire
Le travail de mémoire c’est aussi un nombre de plus en plus important d’actions réalisées en France grâce au soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. On ne manquera pas de rappeler tout d’abord le travail d’exhumation des victimes juives d’Ukraine et des témoignages de plus en plus nombreux recueillis sur place par le père Patrick DESBOIS. On mentionnera le nombre grandissant de classes venant de toute la France pour visiter le mémorial de la Shoah à Paris. On peut se féliciter des budgets consacrés par de nombreux conseils régionaux et généraux pour faire partir en Pologne le plus grand nombre de jeunes lycéens.
Un léger bémol à ce panorama encourageant, l’absence d’initiatives et les très rares commémorations dans l’Essonne hormis quelques rares communes. A l’évidence un travail de sensibilisation des mairies plus que celui des établissements scolaires reste à faire.
C’est l’occasion pour nous de remercier les Mairies de Ris-Orangis, de Bondoufle et de Courcouronnes, le Conseil général de l’Essonne, la Préfecture de l’Essonne et vous-même Mr le Préfet, et la Fondation pour la mémoire de la Shoah de soutenir les initiatives de voyages de jeunes essonniens. Merci aux chefs d’établissements et au Commissionnaire Divisionnaire Monsieur Graviassi de nous avoir confié leurs classes.
Souhaitons qu’à l’avenir, d’autres communes suivront votre exemple et s’inspireront de ce que vous encouragez Monsieur le Préfet,
En vous remerciant à tous de votre présence aujourd’hui dans cette synagogue, signe d’une amitié sincère à notre endroit, j’appelle nos concitoyens à continuer de placer les cérémonies de la mémoire en bonne place dans leur calendrier des commémorations.
Merci de votre attention.