9 octobre 2019, en pleine fête religieuse de Yom Kippour, un néo-nazi allemand donne l’assaut contre la synagogue de Halle, remplie de 52 fidèles. Faute de parvenir à entrer, il avait abattu deux personnes. La justice allemande a rendu lundi 21 décembre son verdict : il est condamné ce lundi 21 décembre à une peine de prison à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté minimale de 15 ans.
Par Marc Knobel
Les néonazis allemands ont plusieurs cibles, les réfugiés, immigrés, responsables politiques, juifs. Il faut rappeler, par exemple, que le 2 juin 2019, un préfet membre de la CDU a été assassiné devant son domicile, parce qu’il défendait la politique d’accueil des réfugiés (1). Imagine-t-on en France le traumatisme que causerait un tel assassinat ?
Justement, un procès sous haute surveillance s’est ouvert fin septembre 2019 contre un groupuscule néonazi de Chemnitz soupçonné d’avoir voulu perpétrer des attentats en Allemagne. Huit hommes répondent devant le tribunal de Dresde, de l’accusation « de formation d’un groupe terroriste d’extrême droite », selon le parquet fédéral de Karlsruhe, en charge des affaires de terrorisme. Les membres de ce groupe projetaient de perpétrer « des attaques violentes et des attentats armés » contre des étrangers, et des personnes de différentes obédiences politiques. Ils voulaient frapper Berlin le 3 octobre, jour férié qui célèbre la Réunification allemande, selon le parquet qui ne donne pas plus de détails.
Une autre formation, le « Groupe Freital », un groupuscule néonazi de Saxe, était lui passé à l’acte en 2015, quand des centaines de milliers de réfugiés avaient afflué en Allemagne. Leurs huit membres ont été jugés début août 2018 par le même tribunal de Dresde et condamnés à des peines allant de 4 à 10 ans de prison ferme pour cinq attentats à l’explosif contre des foyers, qui avaient fait un blessé, et contre des militants de gauche.
Les groupuscules néonazis ne cachent pas leur intention, notamment les sympathisants du parti néonazi NPD. Et, c’est surtout dans l’est de l’Allemagne que s’intensifient l’antisémitisme et le racisme, portaient « naturellement » par les néonazis. Alors que les scores réalisés par le NPD dans l’ouest sont insignifiants, le NPD réalise 6 à 7 %, quelquefois plus, dans l’est. L’antisémitisme se double d’un discours profondément anticapitaliste, hostile également aux immigrés. Que dire également du fait que, depuis quelques années, les discours plus ou moins ouvertement antisémites (et racistes) de partis politiques tels que l’AfD (Alternative für Deutschland) entretiennent un sentiment d’impunité ?
Bref, les Juifs sont une cible et les sympathisants échangent sur les applications (comme WhatsApp) des images, textes, symboles haineux glorifiant le IIIe Reich, selon une récente enquête du site d’information BuzzFeed News (2). L’antisémitisme sur Internet se développe fortement, le négationnisme y est très présent.
L’antisémitisme s’invite également dans les stades. Le 8 mars 2019, par exemple, des insultes antisémites ont été proférées sur Twitter à l’encontre d’un joueur de foot israélien, Almog Cohen, à l’occasion d’une rencontre à Berlin du championnat allemand de deuxième division. Dans le même week-end, à Chemnitz, dans l’est du pays, un hommage a été rendu dans le stade local à un hooligan néonazi décédé. Plus près de nous, des insultes antisémites ont été proférées contre un arbitre israélien. Il ne se passe pas une semaine, sans que dans les stades, des hooligans ne fassent le salut nazi et profèrent des insultes racistes ou antisémites. Pis, les militants néonazis jouent à cache-cache avec la police. Dans son édition du 18 août 2019, « l’Est républicain » révélait que « des centaines de néonazis allemands jouant à cache-cache avec leur police (8 605 délits en six mois attribués à l’extrême droite), se réunissent plusieurs fois par an en Lorraine. Ces groupuscules discrets organisent concerts et réunions sportives camouflant des appels à se battre au nom de la “race blanche” » (3).
A cet égard, on peut formuler une hypothèse. Les profanations de tombes israélites en Alsace, les dégradations diverses contre des permanences électorales, les inscriptions racistes et antisémites, tout cela augmente considérablement. Or, la porosité est très grande entre ces mouvements néonazis et les skins, d’un côté et de l’autre de la frontière. Les militants et sympathisants échangent des informations et préparent sûrement les mauvais coups. Il est probable que des sympathisants néonazis allemands participent à ces profanations.
Notes :
2. https://www.buzzfeednews.com/article/karstenschmehl/whatsapp-groups-nazi-symbol-stickers-germany
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