Les Fils et Filles des Déportés Juifs de France et leurs amis se sont rendus le jeudi 22 novembre dans les deux gares de la ligne de démarcation à Chalon-sur-Saône et à Vierzon pour y dévoiler nos deux plaques rappelant cette tragédie et le déshonneur de l’État français de Vichy.
Interview de Serge Klarsfeld à Chalon, publiée sur Bien Public :
Pourquoi inaugurer une plaque commémorative en gare de Chalon ?
« Parce que Chalon était une des deux gares de la ligne de démarcation, et que par Chalon sont passés environ 7 500 juifs, en provenance de la zone libre, qui ont été livrés par Vichy après avoir été arrêtés par la police française, dans une zone où il n’y avait pas d’Allemands. »
Où partaient ces déportés de la zone libre ?
« Ils étaient transférés à Drancy, en 24 heures de voyage, pour être déportés très vite vers les camps d’extermination. »
Vous savez d’où venaient ces gens qui arrivaient en gare de Chalon ?
« Oui. J’ai établi ça, il y a une trentaine d’années, qu’ils venaient de différents camps, en fait, les grands camps de la zone libre. »
On a l’impression que cette plaque en gare de Chalon-sur-Saône a une importance particulière pour vous. Pour quelle raison ?
« Ce sont 10 000 juifs qui sont partis, 10 000 personnes qui ont souffert terriblement. Il fallait marquer le passage de ces 10 000 juifs qui étaient vivants et qui ne sont devenus que des cendres dans le ciel de Pologne. Vichy les a livrés d’un territoire où il n’y avait pas d’Allemands. Ce sont les seuls juifs au monde arrivés dans un camp d’extermination, en provenance d’un territoire où il n’y a pas d’Allemands. Ce crime, on ne peut le marquer qu’à la ligne de démarcation, dans ces deux gares où tous sont passés. »
Cela permet-il aussi de dire que la SNCF reconnaît cette histoire ?
« Non, car ça fait longtemps que la SNCF est revenue sur ce passé. La SNCF avait été réquisitionnée, avait été obligée. Et d’ailleurs ça ne demandait pas beaucoup de personnes. Il n’y avait pas contrôleurs dans ces trains ! La SNCF n’a pas déporté, car, contrairement à ce que croit l’opinion publique, les trains qui partaient de Drancy étaient des trains allemands, conduits jusqu’à la frontière par un chauffeur et un mécanicien français. Mais la SNCF n’est pas allée démarcher les Allemands. »
Savez-vous si, sur Chalon, il y a eu des actes de résistances lors de cet été 1942 ?
« C’était très difficile. Il y avait beaucoup d’Allemands à Chalon et comme dans toutes gares importantes, il y avait du personnel allemand pour doubler les chefs de gare et les cheminots. »
Aujourd’hui, après tous vos combats, que vous reste-t-il comme action à conduire ?
« Entretenir la mémoire ! Je suis à la tête de la fondation pour la mémoire de la Shoah et nous installons des grands mémoriaux à Drancy, à Orléans… Ce sont des outils qui après notre disparition, serviront à transmettre la mémoire et à la rendre vivante. C’est un travail de réunion, de conception, de réflexion. »
À lire aussi, dans le Journal de Saône-et-Loire : Les souvenirs d’une gare
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