Histoire

Le Crif est une institution composée de 78 associations, qui couvrent la quasi-totalité du spectre communautaire juif présent en France.

Les dates clés

Le Crif est fondé en 1943 à Grenoble dans la clandestinité, alors que l’Europe est sous la domination nazie, avec une priorité essentielle : rassembler les Juifs de France et préparer la reconstruction de la vie juive après la guerre.

Dès sa création, son engagement est à la fois politique et moral : faire entendre une voix collective, défendre les droits fondamentaux, lutter contre l’antisémitisme et affirmer les valeurs de la République. Depuis, le Crif s’est toujours tenu aux avant-postes des grands combats de son temps – pour la mémoire, la justice, la solidarité internationale, et contre toutes les formes de discriminations. L’institution défend avec constance la laïcité, la démocratie, l’égalité et la dignité, pour une société fraternelle et vigilante face à la haine.

Dès sa création, le Crif, dont la première présidence revient à Léon Meiss, se dote d’une charte. Alors que les années qui suivent la fin de la guerre sont consacrées à la reconstruction, cette charte définit les grandes priorités et missions de l’institution. Elle affirme la nécessité de représenter les Juifs de France, de défendre leurs droits notamment ceux des rescapés des camps de la mort. Le Crif s’attache aux réparations morales et matériels, et notamment à la restitution des biens spoliés aux Juifs pendant la guerre. Les premières années du Crif seront également marquées par les procès pour faits de collaboration.

Sur le plan international, le Crif tisse des liens ave le Congrès Juif Mondial qui siège aux États-Unis dès 1944. Les deux institutions travaillent sur les questions liées à l’après-guerre et notamment sur celle de l’abrogation du « Livre blanc » britannique et sur la nécessité de la création de l’État d’Israël.

En avril 1948, une délégation du Crif menée par son président Léon Meiss est reçue par le président de la République, Vincent Auriol, afin de tenter d’obtenir le soutien de la France à la création de l’État d’Israël.

Dans les années 1950, le successeur de Léon Meiss, Vidal Modiano, accompagne le Grand Rabbin de France, Jacob Kaplan, dans le règlement de l’Affaire Finaly. En 1944, le couple Finaly avaient confié leurs enfants à Antoinette Brun. La guerre terminée, elle refuse de rendre les deux garçons qu’elle avait fait baptiser. Cette affaire va entraîner une bataille judiciaire et largement diviser l’opinion publique.

1967 est l’année de la guerre des Six Jours. Toujours sous la présidence de Vidal Modiano, le Crif exprime sa totale solidarité avec Israël, pour son indépendance et sa sécurité. C’est cependant via le Comité national de coordination des associations juives de France que les actions de soutien se concrétisent, notamment dans des manifestations à Paris et partout en France.

À la fin de l’année 1970, Ady Steg accède à la présidence du Crif, et nomme à la direction un homme qui va marquer l’histoire de l’institution : l’ancien résistant, Pierre Kauffmann.

En 1971, l’une des plus importantes organisations juives françaises, le Fonds social juif unifié (FSJU), rejoint le Crif. Il s’agit désormais pour l’institution de représenter un judaïsme uni et organisé. Dès 1972, le Crif change ainsi de nom pour devenir le Conseil représentatif des institutions juives de France.

Jean Rosenthal prendra la présidence du Crif en 1974 avant de présenter sa démission en janvier 1976 en signe de protestation notamment contre « l’actuelle politique [du] gouvernement dans le conflit du Proche-Orient et en particulier son attitude récente vis-à-vis de l’O.L.P ».

En 1977, la seconde charte du Crif est adoptée par vote de l’Assemblée générale. Dans cette charte, l’institution réaffirme notamment « son engagement à défendre en toutes circonstances les valeurs universelles qui concourent à la dignité des personnes et des collectivités et à préserver leur besoin d’identité. Elle confirme sa ferme participation à la défense des droits de l’homme et de l’égalité des citoyens dans la vie politique, économique et culturelle, conformément à la Constitution et aux traditions de la nation ».

Dans sa charte, le Crif affirme également « la pleine légitimité de ses liens avec toutes les autres communautés juives du monde ». Ainsi, les années qui suivent seront largement marquées par la mobilisation de l’institution en faveur des Juifs d’URSS.

Alors que le 27 mars 1979, un attentat est perpétré contre le restaurant universitaire juif de la rue Médicis à Paris faisant 26 blessés, la décennie des années 80 connaît une vague d’attentats antisémites. Le vendredi 3 octobre 1980, un attentat antisémite cible la synagogue de la rue Copernic à Paris faisant quatre morts et 46 blessés. Cet attentat va choquer la France entière. C’est le premier attentat antisémite meurtrié en France depuis la Seconde Guerre mondiale.

Au cœur de l’été, le 9 août 1982, un attentat est perpétré contre le restaurant Goldenberg, rue des Rosiers en plein cœur du quartier du Marais à Paris. Cet attentat fera six morts et 22 blessés.

La même année, le président du Crif, Alain de Rothschild décède et le Crif modifie ses statuts, mettant fin à la règle qui existait jusqu’alors à savoir que le Président du Crif était également le président du Consistoire Central.

C’est donc par vote de l’Assemblée générale que Théo Klein est élu président du Crif en mars 1983. Sa présidence représente un tournant dans l’histoire du Crif qui devient un organisme plus politique.

En 1985, Théo Klein crée le Dîner du Crif. Le premier Dîner du Crif se déroule en octobre de la même année au Sénat, en présence du Premier ministre, Laurent Fabius.

À la fin de cette même année, l’Affaire du Carmel d’Auschwitz éclate, provoquant une grave crise entre les Juifs et l’Église catholique. Le Crif sera largement mobilisé dans cette affaire.

Jean Kahn prendra la présidence du Crif de 1989 à 1995. Le 4 janvier 1995, à l’occasion du 50e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, le président du Crif dénoncera la « nationalisation de la Shoah » par le gouvernement polonais qui refuse de reconnaître la spécificité de la Shoah.

Sous le mandat d’Henri Hajdenberg, de 1995 à 2001, le rôle de l’institution va continuer de s’affirmer dans le dialogue judéo-chrétien et se confirmer, dix ans après l’Affaire du Carmel d’Auschwitz en 1997 lors de la remise au président du Crif, de la Déclaration de repentance des Évêques de France.

Au cours de cette période, deux présidents se succèdent : Roger Cukierman et Richard Prasquier.

Entre 2003 et 2014, le Crif va renforcer ses liens avec les institutions républicaines notamment en faisant du Dîner du Crif un événement politique majeur. Chefs d’État, Premiers ministres, ministres et responsables politiques sont présents lors de ce rendez-vous annuel.

Sur le plan international, dès 2006, le Crif joue un rôle très actif dans la mobilisation pour la libération de Gilad Shalit, soldat franco-israélien capturé par le Hamas le 25 juin 2006. Il sera détenu pendant plus de cinq ans dans la bande de Gaza.

Le 22 juin 2010, le Crif organise un grand rassemblement de soutien à Gilad Shalit et à Israël sur le parvis des droits de l’Homme au Trocadéro à Paris.

Au cours de cette première décennie du 21e siècle, l’institution est un acteur de premier plan dans la dénonciation et la documentation de la montée de l’antisémitisme, en particulier après les émeutes de 2005, les violences de 2006 et l’assassinat d’Ilan Halimi, puis les attentats de 2012 notamment contre l’école juive Ozar Hatorah à Toulouse qui a couté la vie à quatre personnes dont trois très jeunes enfants. Inlassablement, le Crif a interpellé et alerté les pouvoirs publics sur la nécessité de renforcer les dispositifs de sécurité pour les lieux communautaires, et milité pour une meilleure application des lois contre les discours de haine, y compris sur Internet.

L’année 2015 s’ouvre dès le mois de janvier 2015 par une tragique série d’attentats en France. D’abord avec l’attaque terroriste de la rédaction de Charlie Hebdo qui a coûté la vie à douze personnes, puis à Montrouge, avec la mort d’une policière municipale et enfin avec la prise d’otages de l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes qui a fait quatre morts. Roger Cukierman est alors à la présidence du Crif.

Cette même année 2015 se terminera sur une tragédie, celle de la soirée du vendredi 13 novembre au cours de laquelle 130 personnes seront assassinées par trois commandos islamistes distincts. Ces attaques seront revendiquées par l’organisation terroriste État islamique. Suite aux attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, le Crif a exprimé sa profonde solidarité envers les victimes et leurs familles, condamnant fermement ces actes de terrorismes. L’institution a souligné l’importance de l’unité nationale face au terrorisme et a appelé à une vigilance accrue contre toutes les formes de radicalisation. Il a également soutenu l’ensemble des initiatives visant à renforcer la sécurité et à promouvoir les valeurs républicaines.

Depuis 2015, le Crif participe à l’ensemble des commémorations nationales des attentats de 2015 et organise chaque année une cérémonie d’hommage aux victimes de l’attentat de l’Hyper Cacher devant le magasin de la Porte de Vincennes à Paris.

En 2025, dix ans après les attentats, le Crif et Charlie Hebdo se sont réunis pour organiser une grande soirée de débats et d’hommage pour retrouver l’esprit de la manifestation du 11 janvier 2015 et réaffirmer un engagement républicain partagé pour la liberté d’expression, contre l’antisémitisme et l’islamisme, pour la laïcité.

La période qui suit couvre les mandats des présidents Francis Kalifat et Yonathan Arfi.

Suite aux assassinats de Sarah Halimi en avril 2015 et de Mireille Knoll en mars 2018, l’institution se renforce plus encore dans la lutte contre l’antisémitisme et mène plusieurs actions pour honorer leur mémoire.

Le 9 avril 2017, une grande marche blanche était organisée à Paris à l’appel du Crif en hommage à Sarah Halimi, rassemblant entre 1 000 et 2 000 personnes, pour demander que la lumière soit faite sur ce crime.

Le 26 juin 2017 Francis Kalifat publie une tribune importante dans Le Figaro : « Pour Sarah Halimi, je ne me tairai pas ».

Mi-avril 2021, la Cour de cassation confirme l’irresponsabilité pénale de l’assassin de Sarah Halimi. Son discernement étant considéré comme aboli au moment des faits, il ne sera jamais jugé. Le 25 avril, une large mobilisation a lieu pour réclamer justice pour Sarah Halimi, avec des rassemblements dans plusieurs villes de France et à l’étranger.

Le 23 mars 2018, Mireille Knoll est elle aussi lâchement assassinée dans son appartement. Cinq jours après, le Crif organise une marche blanche à Paris pour honorer sa mémoire et dénoncer l’antisémitisme.

Lors du procès de l’assassin de Mireille Knoll en 2021, l’institution a souligné l’importance du caractère antisémite de ce crime. La cour d’assises a condamné l’accusé principal à la réclusion criminelle a perpétuité pour meurtre à caractère antisémite.

Le 26 juin 2022, Yonathan Arfi est élu président du Crif. Âgé de seulement 42 ans, il est le plus jeune président de l’institution. Ancien président de l’Union des Étudiants Juifs de France (UEJF), il hérite d’un mandat qui va s’avérer particulièrement difficile dès le début de sa présidence.

Dès le début du mandat de Yonathan Arfi, le 7 octobre 2023 a marqué un tournant décisif dans l’histoire contemporaine d’Israël et du monde juif dans son ensemble. Le 7 octobre 2023, les terroristes du Hamas s’infiltrent sur le territoire israélien et assassinent de façon systématique et atroce 1 200 civils, kidnappent 251 personnes qu’ils vont retenir en otage dans la bande de Gaza.

Dès le 9 octobre 2023, à l’appel du Crif et des institutions juives, plus de 35 000 personnes et de nombreuses personnalités publiques et politiques étaient présentes à Paris pour marcher en solidarité avec l’État d’Israël et les Israéliens. De nombreux rassemblements étaient organisés également à travers la France.

Si le 7-Octobre a marqué un tournant décisif, il a aussi révélé une fracture morale majeure en France, en Europe et à travers le monde.

En lieu et place d’une solidarité unanime, l’inversion morale s’est fait entendre. Très vite, des manifestations pro-palestiniennes se sont développées, certaines glorifiant le massacre du 7-Octobre. Sur les réseaux sociaux et dans les rues de grandes capitales, des discours haineux ont resurgi, ciblant non seulement Israël, mais également les Juifs dans leur ensemble. En France, en Allemagne, aux États-Unis, on a vu une flambée des actes antisémites dès le 7 octobre 2023 : insultes, agressions, profanations, appels au meurtre.

Le 7-Octobre a ainsi révélé une haine latente pour les Juifs, dissimulée sous le masque de l’antisionisme. Les digues morales ont été brisées et pour beaucoup de Juifs, un climat d’inquiétude profond s’est installé en France et à travers le monde.

Le Crif s’est activement mobilisé pour appeler à la libération des otages retenus dans la bande de Gaza par les terroristes du Hamas, et apporter son soutien aux familles des otages, en particulier aux franco-israéliens.

Chaque vendredi, depuis novembre 2023, le Crif et la Wizo soutiennent les « Mères de l’Espoir » qui se rassemblent chaque vendredi inlassablement Parvis du Trocadéro à Paris pour appeler à la libération des otages.

C’est dans ce contexte que Yonathan Arfi est reconduit à la présidence du Crif pour un mandat de trois ans le 15 juin 2025.